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INTÉGRATION CYCLE DE VIE

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L’ICV a été développée aux USA par Peggy Pace et repose sur différents constats émanant des  neurosciences, notamment affectives.


La mémoire traumatique est une forme spécifique de mémoire, dans la mesure où elle n’est pas datée, au sens où, lorsqu’un réseau mnésique traumatique est activé, alors le sujet vit l’événement passé comme s’il était encore présent (Salmona, 2012, 2013 ; Van der Kolk, 2018). Notamment son système de stress réagit comme s’il devait encore faire face à l’événement (fuite, combat, figement), avec des réactions émotionnelles qui ne sont pas adéquates par rapport à la situation du présent.


L’ICV emploie un outil qui lui est propre, la Ligne du Temps, pour « prouver » au corps du patient que le temps a passé, et ainsi sans doute relancer le travail de datation de l’hippocampe (partie du cerveau), bloqué dans le trauma. La Ligne du Temps est constituée d’une liste chronologique de souvenirs autobiographiques, allant du premier souvenir du patient à des souvenirs tout récents, généralement un à trois souvenirs par an, dans la mesure du possible.


D’une part, cet outil permet d’intégrer des souvenirs traumatiques au sens classique du terme, le thérapeute faisant traverser au patient le temps qui sépare l’événement traumatique du moment présent, dans l’ordre chronologique. Il s’agit en quelque sorte d’une expérience psycho-corporelle du temps qui a passé depuis le trauma. Au début de la séance, le patient « sait » que le trauma est fini, mais son corps y réagit toujours (cauchemars, rythme cardiaque, mains moites, angoisses…). L’objectif est qu’en quittant la séance, le patient « sente » que le trauma est derrière lui : qu’il l’ait intégré non seulement au niveau cortical (intellectuel), mais aussi au niveau limbique (émotionnel), dans une expérience tant rationnelle que sensorielle et non verbale (Van Der Kolk, 2018).


D’autre part, la Ligne du Temps permet également d’intégrer des expériences traumatiques préverbales (avant l’acquisition du langage), dans la mesure où la mémoire préverbale est, comme la mémoire traumatique, essentiellement implicite (corporelle) ( Lejeune & Delage, 2017 ; Smith, 2018). Nous partons du principe que la description des stades de développement précoce (commencer à tenir sa tête, à se mettre à quatre pattes, puis débout ect…) active les réseaux mnésiques des expériences en question, tout comme imaginer faire une activité déclenche des décharges neuronales similaires au fait de pratiquer cette activité pour de vrai (stratégie bien exploitée par les sportifs). Le déroulement de la Ligne du Temps commence alors dès les premières périodes de vie afin de générer un maximum de connexion neuronale entre ces expériences plus ou moins traumatiques, plus ou moins insécurisantes, et donc plus ou moins dissociées du reste du fonctionnement de l’individu. Là encore, l’idée et de faire expérimenter au patient dans son corps la sensation du temps qui a passé, qu’il a grandi et qu’il n’a plus de raison de se sentir insécure et vulnérable comme dans son enfance (le cas échéant), parce qu’il est désormais sorti de cette situation.

Cette procédure a également été largement employée pour améliorer les difficultés de régulation émotionnelle issues d’expériences précoces de traumatismes, de carences, de négligence et/ou d’insécurité d’attachement (Pace, 2014 ; Binet, 2017 ; Smith 2017, 2018). Il s’agit d’une procédure d’intégration partant du début de la vie et allant jusqu’à aujourd’hui, visant à calmer l’activité sous-corticale qui n’a pas été apaisée par des expériences suffisamment régulières d’attachement sécure. Cette procédure peut s’associer à un reparentage, c’est-à-dire à des interactions imaginaires du patient à  l’égard de son moi du passé (par exemple, selon les séances, se reparenter lui-même à 6 mois, 2 ans, 7 ans, 21 ans…).


Les effets classiques de ce travail de consolidation du soi et d’amélioration de la sécurité de l’attachement sont : une meilleure régulation des émotions qui se traduit notamment par une diminution des conduites addictives et une connexion émotionnelle de meilleure qualité (moins d’anesthésie ou de débordements émotionnels) ; une meilleure estime de soi et un meilleur respect de soi-même ; enfin, une sensation de cohésion identitaire plus importante (c’est-à-dire de ne pas être une personne différente, quels que soient les secteurs de sa vie, y compris par rapport à son passé) (Smith, 2017).


L’ICV s’appuie sur le constat que la régulation émotionnelle est une fonction qui se développe au cours des premières années de la vie, en s’appuyant sur les expériences de sécurité de l’attachement (Bowlby, 1969/2002 ; Schore, 2009 ; Siegel, 2008). Son postulat est que réparer ces expériences en thérapie, lorsqu’elles ont été délétères, permet d’en inverser les effets. La construction du Soi et la construction de la régulation des émotions sont des processus éminemment relationnels ; ils peuvent être relancés ou réparés par une relation accordée dans un cadre sécurisant.

extrait de SMITH, Joanna. Avant-propos. dans La régulation des émotions dans la famille. Dunod. 2019 

ICV: À propos de moi
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